Rendez-vous aux 10èmes Rencontres Moustic !

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Visions collectives

La crise sanitaire, par ses impacts économiques et sociaux, a révélé et stimulé des solidarités de proximité sur certains territoires, ruraux comme urbains. Des liens sociaux se sont construits et renforcés. Des ressources nouvelles ont été produites, d’autres ont été mieux valorisées et partagées. Des visions collectives émergent et cette ouverture du regard redessine le territoire commun… pour peu que la solidarité s’y ancre durablement !

Usuellement, le monde social est fragmenté en unités sociales plus ou moins homogènes : ces frontières structurent l’imaginaire social. Ce sont ces lignes qu’une situation de crise peut opportunément décloisonner : le désir de solidarité va alors au-delà de l’entre-soi de groupes affinitaires. La crise déclenche cette affirmation du désir de solidarité chez le sujet social, qui ne se borne plus à la délégation faite à l’État telle que le prévoit notre contrat social. Or, entrer en dialogue sur un territoire est bien un exercice de proximité démocratique, en ce qu’il suppose la rencontre de l’altérité : il n’y a aucun enjeu démocratique à être avec d’autres soi-même ! Entrer en intelligence collective, c’est fabriquer quelque chose qui ne serait pas sans ces gens-là, œuvriers d’un commun, et dans lequel ils puissent se reconnaître.

A quel moment formaliser (donner forme) à ce dialogue territorial, autrement dit, l’instituer ? Pérenniser ces solidarités suppose un dialogue entre une hétérogénéité d’acteurs, individuels et collectifs, qui ont en commun d’être attachés à un certain territoire. Ce dialogue territorial serait composé de différentes étapes, dont certaines pourront se réaliser à distance, au moyen d’une digitalisation des échanges : la scène où tenir ensemble peut se faire toile. Le dialogue territorial contient un fort potentiel d’intégration sociale : déterminer quels seront ses contributeurs, c’est reconnaître à ceux-là le pouvoir d’agir sur leur territoire. Quels usages seront intégrés aux problématisations que la rencontre de l’autre ne manque pas de soulever ?

Des personnes qui se rencontrent rarement seront en présence : gens de métiers, bénévoles, habitants, agents de collectivités territoriales ou de l’État, experts, entrepreneurs de petite ou de grande entreprise, naturalistes, pêcheurs, etc. Chacun occupe l’espace commun de façon spécifique : il a recours à des ressources différenciées, ou il utilise de façon différenciée une même ressource. De prime abord, les intérêts des uns ne sont pas toujours ceux des autres, et aucun ne peut prétendre à une vision d’ensemble du vivant.

Le dialogue va opérer comme un révélateur d’usages. Différentes raisons et façons d’agir émergent entre des usagers qui n’ont pas la même façon de « bien gérer » la ressource, matérielle ou immatérielle. Chacun aura à regarder la situation-problème avec les lunettes d’autrui, saisir la nature de ses préoccupations, de sorte à passer de positions de principe à la reconnaissance mutuelle de besoins. Chacun sera amené à considérer l’écart entre ce qu’il est convenu de faire (ce qui devrait être fait) et ce qui est effectivement réalisé : entre la prescription (y compris lorsqu’elle est auto-prescription) et l’action réelle. En miroir, alors que l’autre était perçu par le filtre de sa position, celui-ci a, dans le dialogue, la possibilité de déplier son activité, révélant des logiques d’action, des stratégies de gestion, des valeurs, une éthique. En ouvrant la possibilité d’expliciter les critères qui gouvernent l’action, le dialogue territorial transforme des conflits entre usagers en tensions dynamiques entre des usages qu’il va s’agir d’orchestrer.

Ainsi, le dialogue territorial est un dialogue conflictuel. Il permet l’expression non violente d’une conflictualité entre des usages différenciés, plus ou moins antagonistes (considérant que ce qui est antagoniste n’est pas inconciliable). Il donne à ses contributeur l’opportunité de construire une vision collective et des accords qui permettent aux parties de tenir ensemble. Le dialogue territorial est sous-tendu par l’intelligence collective, c’est un apprentissage démocratique : apprendre à vivre et travailler ensemble.

 

Rendez-vous aux 10èmes Rencontres Moustic !

(Mise-en-œuvre des usages sociaux des technologies et de l’intelligence collective)

« Solidarités territoriales : quel retour à l’a-normale ? »

A Ecoloc, Barret sur Méouge, du 2 au 5 aout 2020

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Merci à Elsa Bonal pour l’écriture de cet article et pour sa participation à l’évènement !